Etape 2 : Isola2000-Ceillac

Etape N°2 :  Isola 2000 - Ceillac  entre le 21 et le 27 mars 2015

Le raid a été assez difficile dans son ensemble, en orientation à cause du mauvais temps  et  de la mauvaise visibilité avec quelques passages un peu techniques ou rendus techniques à cause de la meeo. Les 2 étapes après Larche ont été beaucoup plus faciles  avec du soleil, de la visibilité et des dénivellées modérées  ...   On a été obligé de rebrousser chemin sur la crête du Corborant une première fois avant de  passer le col finalement  le lendemain (erreur d'orientation dans le brouillard malgré alti, boussole et GPS ...). L'étape de Vens à Larche réalisée par mauvais temps très venté s'est avérée longue et le passage du pas de la Cavale délicat. Le départ à ski du Ténibre par brouillard épais dans la pente sommitale fuillante bien raide est un moment dont on se souvient.

L'enneigement a été bon jusqu'à Maljasset, très bon sur l'Italie. La nivologie a été globalement stable à part des plaques superficielles qui partaient dans le haut des brèches. Nous avions pris chacun notre matériel complet de sécu yc crampons piolet qui ont servi au Ténibre, à la brèche Borgognio et au pas de la Cavale. Nous avons utilisé la corde  au sommet du Mont Ténibre pour tester la nivologie. 

En terme de matériel, malgré un travail minutieux (chaque objet pesé avant et passé au tamis), nous n'avons pu éviter des sacs au départ qui faisaient tous autour de 16kg  dont 3kg de bouffe chacun  (2 diners, 2 ptit dej et 3 dej). En ce qui concerne  le commun, nous avions emporté 1  réchaud pour 3 avec 2 petites gamelles et 2 cartouches de 100g ce qui s'est avéré juste même compte tenu du bon approvisionnement en bois des refuge non gardés. En terme de bouffe, nous sommes restés assez tradi, c'est à dire non lyophilisé  (pâtes ....) ce qui n'est manifestement pas optimal en terme de poids et qui mérite réflexion pour les prochaines étapes.  Après pas mal de tergiversations, nous avions opté pour des applications GPS sur smartphone (Iphigenie et  Opticartes) qui offraient des fonds de carte IGN25 téléchargés  mais nous n'avions pas pris le temps de tracer nos itinéraires ce qui s'est avéré insuffisant par grand mauvais temps (pb d'écran, pb de lisibilité, pb d'orientation au nord un peu aléatoire, pb de batterie ...). Nous avions emporté un accu rechargé de 5500 mAh ce qui a été  salutaire mais un peu juste. Les accus solaires sont tentants. 

 

Jour 0 : Paris,Lyon,Annonay / Nice

On se retrouve tous les trois  le vendredi 20/3  au soir vers 22H à Nice chez la cousine d'Antoine qui nous a gentilment prêté son appartement près de la gare pour la nuit.  Départ du boulot à la bourre en milieu d'aprèm pour attraper train, métro, voiture, blablacar  et pouvoir démarrer ce raid en temps. En arrivant dans l'appart, une soupe de lentilles et  un délicieux gateau au chocolat plein d'attention nous attendent. C'est  en fait si simple l'hospitalité. Il suffit de regarder sur les murs de l'appartement de Guillemette pour comprendre que la sienne, c'est celle des gens qui voyagent au delà des frontières et au delà d'eux même. Cela fait chaud au coeur.

 

Jour 1  (+700/-1300) : Isola 2000 -San Bernolfo en passant par le col de la Lombarde et le passo di Tesina

Bus pour Isola 2000 à 7H partant de la gare de Nice. Arrivée à Isola à 9H30 environ. On se retrouve dans le bus avec tous les étudiants qui vont profiter de la journée de ski à Isola. 3 euros pour faire Nice-Isola. Il y a  débat sur le bienfondé economique et social d'un tel tarif.  En arrivant à Isola,  dure négo avec les caisses de remontées mécaniques d'Isola pour monter en télésiège au col de la Lombarde sans payer le forfait journée ... et ça marche. Compte tenu de l'heure avancée et de la météo incertaine, il y avait une forte motivation pour gagner 1H de montée.  A 10H30 on est fin prêt à partir  dans le brouillard au col de la Lombarde. Il fait assez froid.  Vers la France  on distingue encore  notre point d'arrivée de l'année dernière. Vers l'Italie, la visibilité est nulle.

Longue descente du vallon coté italien dans une neige poudreuse vers le monastère de Santa Anna. Premières impressions de liberté. Ca y est, on est parti ... enfin devrais je dire ! Les sourires sont sur les visages quand on peut les distinguer dans le brouillard. On avance à l'aveugle et en se demandant un peu dans quelle aventure on se lance. La météo n'est pas bonne pour les 3 jours qui viennent et il est tombé beaucoup de neige sur l'Italie ces dernieres 48H.   

Vallon depuis le col de la LombardeEn descendant du col de la Lombardeau fond , monastère de Santa Anna

Après avoir dépassé le monastère de Santa Anna, désert pendant l'hiver, on remonte facilement vers le col de Tesina dans un brouillard à couper au couteau. La crête est atteinte dans la purée de pois, à tel point qu'on se trompe et de col et d'itinéraire de descente pour s'engager dans une combe raide un peu expo ou on traverse une grosse coulée partie les jours derniers avec le redoux. On descend vers Calliari par un itinéraire tortueux ou le GPS de Thierry s'avère fort utile, un peu de montagnes russes et enfin un vallon très boisé avec énormément de neige. On met pas mal de temps à trouver notre itinéraire et à jongler le long du torrent. Nous sommes content d'arriver à Calliari vers 6H.  

Reste à remonter 200m pour arriver au refuge Dahu de  San Bernolfo où nous arrivons à la nuit dans une véritable tempête de neige accueilli par BP avec une bonne bière. Le site de San Bernolfo est  étonnant. Toutes les maisons sont fermées. On est content de poser les sacs au refuge après ce premier jour dans le mauvais temps  supposé être cool dans notre planning mais qui ne l'a pas été, naviguant pratiquement sans visibilité. 

Tempête de neigeArrivée à San Bernolfo dans le blizzard et à la nuitsan Bernolfo

 

Jour 2  : (+1400/-1400)  San Bernolfo - Crête du Corborant - San Bernolfo 

Les prévisions météo ne sont pas optimistes . Decision de se lever tard car tout est bouché au levé.  La neige ne transformera pas de toute façon. Départ 9H après un bon petit déjeuner. On monte doucement  le long du vallon et commencons très vite à naviguer à la boussole et GPS. La visibilité est très mauvaise. Il neige. Dans ces moments, la boussole recta est une petite aiguille irremplaçable, compagnon fidèle de mon sac à dos depuis des décénies. A chaque fois que je l'ouvre,  j'éprouve une petite joie délicieuse et je me dis en souriant intérieurement: c'est bien, elle est encore chargée (...) et ne me fera pas défaut. 

Toute la montée se fait dans le mauvais temps. Pénible. On prend un couloir trop raide pour être le bon, sans visibilité,  pour réussir finalement  à prendre pied vers les lacs de Corborants. On est rivé sur nos instruments de navigation, boussole, alti, carte, GPS  et parvenons vers 2850  au pied de ce qui semble être le couloir d'accès au col du Corborant. Le couloir est raide, de plus en plus raide, un peu expo. Après quelques contorsions, quelques petites plaques  qui filent sous nos skis, on arrive à cheval sur la crête à 3030 m  heureux de s'apprêter à basculer vers Rabuons. Raté, l'autre coté de la crête est super exposé, très raide, platré de neige, bref pas vraiment accueillant . Nous ne sommes manifestement pas au pas de Corborant qui doit être 50 m à l'W  ou 50m à E . Le GPS n'est pas assez précis en locurrence, ou notre utilisation à parfaire ... c'est une bonne leçon.  Il est déjà 4H de l'apres-midi. Nous prenons la décision de rebrousser chemin  et de retourner à San Bernolfo pour la nuit. Le moral est bas. La descente dans le couloir d'abord par mauvais temps  puis dans le brouillard et la pénombre grandissante  n'est pas une partie de plaisir. On se suit en file indienne mais on peine à retrouver nos traces de montées. Celui qui est devant n'a pas la partie facile; on se relaie : un premier couloir,  un second couloir étroit et raide descendu en escalier qui n'en finit pas,  bien inconfortable,  pour nous permettre d'atteindre le bas du vallon et retrouver un peu de visibilité. On est content d'arriver à San Bernolfo dans la pénombre, il est 18H30.  BP est content de nous revoir, sans nouvelles de notre part depuis 9H ce matin. Encore une étape supposée assez courte qui s'est transformée en longue journée exigeant une attention de tous les instants et un itinéraire finalement technique. Tout ça pour un aller retour décevant. Discussion autour de la stratégie pour le lendemain si la visibilité resta aussi mauvaise. To be optimiste or not, that is the question.

descente dans la pénombre vers San BernolfoDescente dans la pénombre vers San BernolfoSan Bernolfo

 

Jour 3 : San Bernolfo - Pas de Corborant - refuge de Rabuons (+1300/-500)

Levé 6H45, départ 8H. Nous nous levons le lendemain avec une météo plus clémente. La visibilité est nettement meilleure lorsque nous partons et nous sommes confiants pour cette fois pour trouver le pas de Corborant. Les rayons de soleil nous ragaillardissent. On peine à retrouver nos traces de la veille, déjà effacées par le vent et la neige  mais la montée se passe facilement. C'est encore une petite leçon d'humilité que de voir  nos erreurs d'itinéraire  d'hier dans le brouillard . Quelle idée de passer par la !!  C'est plus facile avec de la visi. La traversée des lacs  est magnifique. Petit détour sur un promontoire au dessus des lacs  pour repérer le couloir qui monte au pas de Corborant  et ne pas réitérer notre erreur de la veille mais  le temps se couvre et nous voila à nouveau parti à l'aveugle pour les 500 derniers mètres. 

Montée au CorborantRegard vers le bas de la vallée en montant au CorborantMontée au Corborant. On y voit encore

Grâce au GPS  et à beaucoup beaucoup d'attention, nous parvenons à trouver le bon couloir et basculons sur le pas de Corborant. La dernière pente avant le col et la descente à l'aveugle dans une belle épaisseur de poudreuse sont un peu expos  mais finalement tiennent bien. La visibilité s'améliore sous la ligne 2750 et la vue sur le Lac de Rabuons et le refuge au fond au moment où les nuages se déchirent est de toute beauté. Une longue traversée descendante à flanc nous amène vers le lac que nous traversons. Quelle impression de liberté dans ces moments privilégiés. On voit la glace bleue transparente dans les cassures des bords du lacs. Le froid mord mais les muscles sont chauds. C'est magnifique. On remet les peaux pour arriver au refuge situé un peu au dessus.  L'arrivée est superbe. On est au bout du monde dans ce cirque suspendu. Au loin la-bas 1500m plus bas, la vallée de la Tinée, vers l'est les pentes vers le Corborant toujours dans les nuages et vers le nord les pentes du Ténibre où nous irons demain.

Le refuge est sympa avec un poele qui tire bien mais qui ne chauffe pas beaucoup. Après 4H de feu, on arrivera péniblement à 5° à l'intérieur de la pièce principale du refuge.  On garde nos bonnets, peut être pour aider nos esprits à vagabonder,  et on parle de médecine, de capitalisme et de montagne.  Dans le dortoir, il fait beaucoup, beaucoup plus froid. On est bien content de l'avoir passé ce pas du Corborant mais il a fait de la résistance, ou plutôt le ciel l'a bien gardé. Et dire que quand il fait beau, ce n'est qu'une formalité... On avait un temps envisagé d'aller directement jusqu'à Vens  dans nos plannings de salon....Cela rend modeste face à la réalité de la montagne. 

Pas de Corborant dans le brouillarddescente vers le lac de RabuonsDescente depuis le Corborant vers Rabuons. Au fond le refuge

 

Arrivée à RabuonsAu refuge Rabuons

 

Jour 4 : (+900/-1100)  Refuge Rabuons - Mont Ténibre - Brèche Borgonio - refuge de Vens

Levé 5H45, départ 7H. La nuit a été fraîche.Journée un peu technique en perspective avec la traversée du Ténibre, la brèche Borgonio  et quelques passages un peu raides. 

En quittant le refuge, la traversée du lac et la montée vers le pas  de Rabuons se font aisément. Le relief est vraiment complexe dans ce nord Mercantour avec des lacs, des vallons, des brèches et des crètes qui s'entremèlent dans un ensemble majestueux ou mystérieux suivant la forme des nuages. Le brouillard nous rattrape malheureusement trop rapidement. On monte en file indienne au GPS avec des compagnons de rando venus des Pyrénées orientales jusqu'à l'arête et le   sommet du Ténibre qui sera le point culminant de notre raid cette année. Le soleil est tout près, je lui crie de venir mais il ne m'entend pas et on reste dans le brouillard. Les crampons sont utiles pour les 100 derniers mètres d'arête,  un peu aérienne jusqu'à la croix. La vue devrait être somptueuse, mais on se contentera d'un écran blanc. La bascule coté Ouest avec les skis est assez impressionnante sans y voir à plus de 10m. La pente est quand même  forte (env 45°) , a forciori sans connaître trop la stabilité du manteau neigeux sur ce versant. On s'essaye à la corde . Ca tient ... alors on plonge. Le replat est vite atteint 100m plus bas. les choses sont plus faciles derrière même si on continue à ne pas voir grand chose et à s'orienter à la boussole en continue.  

 

vers le Ténibre dans le brouillardVers le col du Rabuons

Une jolie combe s'ouvre devant nous avec du ski plus sympa  avec un peu de bonne poudreuse jusqu'au couloir de basculement vers les lacs du Ténibre. Heureusement la visibilité s'améliore en descendant, ce qui nous permet de trouver facilement l'entrée du couloir qet de basculer nord vers les lacs du Ténibre.   50 à 100m  de descente bien raide, un resaut à passer  (S5 dit le topo) sur une neige glacée  nous amène jusqu'à la dépression sous le brèche de Borgonio. On monte à la brèche dans le brouillard qui a envahit le cirque à nouveau. les 100 derniers mètres se font en crampons avec les skis sur le sac . De la brèche il n'y  a plus qu'à se laisser glisser jusqu'à Vens par un long vallon qui tourne vers la G juste avant refuge.

Belle étape, courte, intense, un peu technique. Couloir vers la brèche BorgognioPassage raide - descente du Tenibre

Dommage qu'on ait pas eu la vue depuis les crêtes ....

L'atmosphère est austère en arrivant au refuge. Il fait froid, la neige tombe, les nuages sont bas,  le lac est presque fade et les prévisions ne sont pas optimistes pour le lendemain. Ici, pas de réseau pour confirmer la météo , le refuge est plus frustre qu'à Rabuons, il fait froid dans le refuge, les tables sont en stratifié et le poele est endommagé ce qui limite beaucoup sa capacité. Pas de gaz non plus. Il faut calculer un peu pour faire de l'eau. Les discussions d'hier reprennent, bonnets sur les têtes, autour du rôle des actionnaires dans la société, de la qualité de la nourriture lyophilisée et de nos motivations respectives qui nous poussent à être la. Les bougies sont vite allumées mais on ne fera pas long feu autour du poele. Le dortoir froid nous attend ... 4, 5 ou 6 couvertures nous aident à nous endormir fraichement.  Heureusement que la capuche de la doudounne  tient mes rêves  au chaud. On est bien la haut.

Antoine arrivant Brèche BorgognioArrivée à Vens

 

Jour 5 : + 900/-1600  refuge de Vens - pas de Morgon - pas de la Cavale - Larche

Journée de blizzard. On part du refuge de Vens avec nos Goretex, nos bonnets et nos masques.  Ils ne nous quitteront pas de la journée.

départ du refuge de VensAu pas de morgon

Montée facile jusqu'à la crête vers le pas de Morgon. La crête elle même est assez longue, un peu étroite, délicate à certains endroits sans trop savoir ce qu'il y a en dessous  mais sans difficulté. On navigue à vue dans le brouillard et on parvient après une assez longue traversée au pas de Morgon.  La pas lui même est marqué par un panneau de rando d'été qui émerge de la neige un peu comme un fantôme gesticulant sous les assauts du vent.  La descente se fait facilement dans la grand cirque qui s'étant vers le nord. Il parait que par beau temps, c'est magnifique .....

Compte tenu de la météo, nous choisissons l'option pas de la Cavale plutôt que de passer par le col Pouriac et la tête de l'Enchestraye.  La montée vers le pas de la Cavale  est directe, évidente , 4 à 500m de dénivellée  montés à un bon rythme mais le haut  s'avère assez délicat. Très cornichée, la pente sommitale passe mal et il nous faut un peu de temps en piolet/crampon pour sortir un peu à l'E du pas de la Cavale après un final sportif et un peu impressionnant . La haut il fait froid dans un vent qui commence un peu à nous asourdir. Tu ne peux pas te taire un peu !

 

Versant sud du col de la Cavale : délicat

Il ne nous reste alors que  (?) 14km de plat et de descente le long du vallon du Lauzanier  pour rejoindre le village de Larche. La descente est très longue avec les   traversées des lacs et du bas du vallon. Parfois on a l'impression de descendre, en fait il faut monter. La neige colle sous les skis qui n'avancent plus.  Certains d'entre nous remettent même les peaux alors que le vallon est censé redescendre. Je me rappelle de ce vallon bucolique pendant l'été. l'ambiance est tout à fait différente dans cette atmosphère hivernale avec peu de visibilité. Il n'y a pas d'eau, pas de lac, pas de roche, pas de bruit hormis le vent entêtant, pas de faune; tout est blanc, feutré, doux, rude ....

La descente finale vers Larche sur la piste de ski de fond se fait plus aisément. On arrive à Larche vers 19H après une très longue étape de 12H sans trop d'arrêt  et 21 km de distance. L'accueil au Gite de Larche est  chaleureux,  même si on  ne nous attendait plus à cet heure. La gardienne connait son sujet et c'est sympa. Elle a une photo extrait du Cheminot de la Montagne de Leon Zwingelstein exposée dans son refuge, livre mémorable parmi les mémorables, ce qui nous réjouit. Elle a aussi un 8000 à son actif ...  Bref un endroit à recommander. Nous sommes bien dans notre chambre privée que nous avions eu la bonne idée de réservée pour 3 euros de plus , la bouteille de vin se laisse facilement boire  et la tarte au PdT  est délicieuse. Thierry bénéficie d'une consultation gratuite pour son genou grâce à  un chirurgien orthopédique randonneur de bonne volonté. Bonne nouvelle, pas de contre indication formelle, il sera des nôtre demain même si le repos lui est préconisé. La météo clémente et l'étape facile de demain finissent de le décider.  

 

Jour 6 : +1300/-1100  Larche - Col de Portolette - col du Vallonet - Fouillouse

Levé 6H30-départ 8H. Le ciel est bleu azur, l'horizon est sans nuage et le soleil du matin éclaire les sommets. Nous avons un peu du mal à le croire après 5 jours de mauvais temps.  Nous avons réduit nos ambitions pour la journée et visons désormais d'arriver à Fouillouse et non plus à Maljasset directement comme nous l'avions initialement prévu. La montée vers les sommets de l'Ubaye paraît douce malgré le manque de neige sur les versants sud. Nous chaussons vers 1900m. Nous sommes seuls, comme tous les jours depuis le début de notre raid à l'exception des jours paratagés avec nos amis de Perpignan dans  le nord Mercantour. 

Départ de Larche au petit matinMLarche et au fond le vallon du LauzanierAu dessus de Larches

La montagne est colorée, attirante, l'air est doux, aucune trace devant nous.... une belle journée en perspective. On monte doucement dans le vallon vers le col du Portiola et la tête de Sautron. Ou fond,  les arêtes de Portiolettes se détachent avec leurs 3 couloirs des dont j'avais entendu parler sur skitour  (On peut faire les 3 couloirs dans la journée). 

Nous nous contentons  d'aller vers le  col de Portiolette en laissant nos amis perpignanais partir  ver le col de Portiola et le refuge Barenghi. Belle montée puis  bascule vers le nord pour remonter doucement au col du  Vallonnet. A droite on devine le col de Stroppia, le pas de la Couletta et derrière le Brec de Chambeyron. Les peaux sont recollées  pour la montée finale vers le col puis on descend le beau vallon vers Fouillouse en restant bien sur la rive gauche. Il y a de la neige jusqu'au village. La descente est bucolique et agréable. Le village de Fouillouse, qui a oublié d'évoluer avec le temps est toujours aussi insolite que dans mes souvenirs. Je me demande en passant ou  pouvait vivre l'abbé Pierre dans un aussi petit village. L'église qui se détache des cimes du Queyras parait presque majestueuse malgré sa petitesse. On a juste le temps de prendre 3 bières avec un peu de fromage au gite en attendant que le gardien de Maljasset vienne nous chercher comme c'est prévu. La vie est douce, le soleil chaud, les fauteuils confortables à côté du poele. Le soleil scintille sur les pentes enneigées vers le col de Vars au loin.

Vallon vers Portola et Portolettecol de PortoletteAntoine et ThierryArrivée à FouillouzeEglise de FouillouzeGta267

 

Jour 7 : +700/-1000  Maurin - col du Tronchet - Ceillac 

Levé 5H30, départ 6H45. Il y a du monde au refuge cette nuit, pas mal de groupes qui font des ballades à la journée. La rando à ski est aussi une activité pour le troisième âge.  Je ne suis pas fana de ce gite/refuge/hotel, j'ai un peu l'impression d'avoir quitté la haute montagne même si c'est relatif. Thierry a préféré laisser son genou au repos et n'est pas parti avec nous ce matin. 

Le temps est magnifique.  Le fond du vallon de Maurin est encore dans la pénombre. On distingue le vent qui souffle les crêtes neigeuses dans le contrejour du soleil naissant  au loin vers l'Italie. Il n'y a pas un brin de neige sur les versants sud. On se croirait presque au mois de mai. Les skis sont sur les sacs. Quelle beauté ce vallon de Maurin lorsqu'on s'élève avec en face le vallon de Mary  jusqu'au col du Marinet,la face nord du Chambeyron et tous les projets de couloirs pour les années futures.  Je jette un coup d'oeil au vallon qui descend de la Pierre André. La lumière est ocre. On débusque quelques chamois qu'on surprend au réveil. Les cailloux roulent et la neige crisse sous les chaussures. Le pas est lent et sûr après 7 jours de montagne. Quelle merveille ces instants volés au soleil dans la fraîcheur avant que les rayons ne ramollissent la neige. La montée est un enchantement pour moi. J'ai envie de contempler à chaque pas, comme pour emmagasiner un peu de cette lumière, de cet air, de ces paysages et de cette fraîcheur avant de replonger vers le bas.

 

vallon de Maurinmontée au col Tronchet

 

Dès le col Tronchet franchi, on bascule dans un autre monde. Le Queyras est la sous nos pieds avec ses beaux vallons habités par les forêts de Mélèzes et son soleil chaud.  Un petit mur raide pour débuter. On fait attention car on sait qu'un grosse avalanche est partie à cet endroit il y a un mois emportant 5 skieurs. Le vallon parait débonnaire, la neige est bonne et on  zigzague à travers les mélèzes pour  rejoindre 1000 m plus bas les pistes de Ceillac.  

On sent que c'est la fin de la saison. C'est aussi la fin de notre raid pour cette année. Les quelques skieurs rencontrés hésitent manifestement entre les bains de soleil et les glissades.  Notre taxi nous attend pour nous emmener  vers Guilestre et Briançon. ce moment en voiture est l'occasion de se faire raconter l'avalanche dramatique du début de saison à Ceillac  et de dériver sur l'histoire du Queyras et  de Philippe Lamour son maire dans les années 60 après la crue de 57, raconté par un descendant de la famille qui l'avait hébergé. Une belle rencontre ce Mr Favier. Après quelques péripéties et un peu de stress,  j'arriverai à attraper une voiture en stop pour Grenoble  et serai en temps à Paris pour l'anniversaire de Sam et la prestation de  Lomé.

col Tronchet depuis Ceillacdescente du col Tronchet vers CeillacCeillac

 Le raid se termine. Encore une belle tranche de vie, d'amitié, d'efforts et de bonheur en barre. Pleins d'enseignements nouveaux comme à chaque fois que le mauvais temps nous rappelle les règles fondamentales de la montagne.  A peine rentré, j'ai déjà envie de repartir. Heureusement, la saison n'est pas terminée.

 

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