Etape 5 : Chamonix - Zermatt

C'est avec une vraie émotion  qu'on s'est engagé  cette année encore dans la préparation et dans l'aventure de notre  GTA5. Repartir chaque année d'une feuille blanche et dessiner notre itinéraire à travers les cols, les sommets, les arêtes, les glaciers fait déjà partie de l'aventure. Nous nous  sommes finalement retrouvés  le vendredi 13 avril en fin d'aprem  à la Chamade à Saint-Gervais  pour  boucler les derniers préparatifs à la veille du départ.  

Il nous a fallu cette année encore jongler avec les agendas, avec la météo,  avec les choix délicats d'itinéraire, avec les baisses de motivation, avec  l'inquiétude sur les conditions nivologiques compte tenu des  énormes quantité de neige accumulées.  .... Elle est douce l'odeur de ces préparatifs pendant les longues semaines qui précèdent le départ,  comme un échauffement de l'âme : essayer de répondre aux questions sans réponses sur les passages délicats ou sur l'itinéraire, appeler les réfuges pour glaner de l'info,  arbitrer entre l'indispensable et le superflu pour faire un sac à dos toujours  trop lourd, vérifier le matériel de montagne, le minimum de vêtements nécessaires, la corde, les crampons, la bouffe pour 8 jours, le réchaud, les recharges,  les traces GPS.... vérifier, revérifier, réfléchir ....J'aime me préparer pour ce voyage annuel en équilibre entre terre et ciel, sorte de pélerinage intérieur. 

Le raid à ski est un effort long dans un temps long. Les sommets à glaner  ne sont que des parenthèses au service de la Traversée. Coupés ou presque du monde, les jours d'effort qui s'enchaînent nous aident je crois à remettre les choses  à leur juste place. Les ascensions et les centaines de milliers de pas se succèdent tels des battements de tambour. Ils donnent l'opportunité d'écouter corps et  esprit dialoguer en raisonnance.  Ce voyage insolite aide chaque année à touner les pages des incompréhensions et des émotions accumulées ...  Ces moments ont  un vrai  parfum de liberté.

 

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J1 : Le Tour, Refuge Albert 1er - D+1400m D-100m - départ midi

Notre GTA4 s'était terminée à Courmayeur l'année dernière. On a décidé de repartir cette année du village du Tour.  On voulait absolument  éviter les  remontées mécaniques et la foule  pour  débuter notre raid.  Les 1400m de montée sèche vers le refuge Albert 1er (tout en haut sous le sommet a gauche du clocher sur la photo) , sont suffisamment austères pour rebuter la plupart des marcheurs  et nous sommes effectivement seuls à monter vers le glacier du Tour  en ce premier jour de traversée. Les sacs sont lourds (14 à 15kg)  et la pente rude mais on sent les corps se dérouiller lentement  et rentrer doucement en harmonie avec la montagne. On se relaye pour la trace.

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Arrivée à Albert 1er, quel plaisir d'être la haut, comme un premier modeste paradis gagné pour s'extraire de l'attraction terrestre des vallées. On ne se  lasse pas de ces vues que nous connaissons pourtant par coeur ....On rentre doucement dans l'esprit de notre traversée, en regardant le soleil se coucher sur les Aiguilles Rouges et la Verte.  La vallée est déjà dans la pénombre. Tout est si grand, tout est si calme, tout est si simple ! On se sent déjà loin de notre quotidien, le portable ne porte plus. 

 

J2 : Refuge Albert 1er, Tête Blanche, Fenetre Saleina, Grande Lui, La Fouly - D+ 1300m D-2300m -  Levé 6H - Départ 7H15.

 Quel plaisir  ce  départ au petit matin du refuge Albert 1er à flanc  sous la Face Nord de l'Aiguille du Tour ! Le froid mord, les couteaux crissent. J'ai l'impression  que la montagne s'imprègne dans les pores de ma peau. Je goute les pas, un par un.  Le corps est léger malgré les kilo sur le dos. Le temps est limpide.  Le Chardonnet domine fièrement.

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Nous sommes seuls sur cet immense glacier du Tour en face de l'éperon Migot   Nous nous engageons  tout au fond vers un éperon neigeux vierge qui nous tend les bras  sous le sommet de la  Tête blanche pour traverser vers le glacier Trient.  La neige est poudreuse. L'ambiance est grandiose. On voit au loin la cabane du Trient et la poite d'Orny, les Aiguilles Dorées et plus loin les sommets  de l'Oberland: Belle descente courte mais raide vers le glacier du Trient, traversée de la fenêtre de Saleina ou on rencontre un peu de monde arrivant d'Argentière (c'est bien raide versant sud !) et on plonge  sur le glacier du même nom .  Nous retrouvons l'absolue solitude. Tout d'un coup, le froid se fait sentir, le temps se couvre, la pente se redresse. Il nous reste encore 700m à remonter pour arriver à la Grande Lui.

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Il n'y a pas de glace heureusement dans le couloir terminal vers le sommet qu'on gravit skis sur le sacs et crampons aux pieds. Je trouve les 100  derniers mètres  bien raides (bon 50° par endroit)  pour cette troisième ascension de la journée. Le souffle est court à 3500m en ce début de raid. Il nous reste ensuite près de 2000m  de descente soutenue et grandiose  pour rejoindre le val Ferret.  La neige est  lourde en versant sud, les jambes aussi à la fin de cette longue journée. 

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J3 : La Fouly, Val Ferret, Lac de la Fenêtre, Bourg St Bernard, Hospice du Grand Saint Bernard - D+1200 D-700 - Levé 6H  Départ 7H30

Le temps est couvert ce matin et la météo n'est pas bonne.  Il fait très très doux (trop!)  lorsque nous nous engageons dans le long vallon qui doit nous mener vers le Mont Tellier, la pointe de Drône et l'Hospice du Grand Saint Bernard. Une journée de moyenne montagne en prévision. On traverse le hameau de Ferret, on croise des chapelles et des oratoires  qui rappellent la proxiité du monastère. Je suis heureux d'être la malgré le temps maussade. L'idée de dormir à l'hospice du Grand Saint Bernard ce soir me réjouit. Nous n'y avons jamais mis les pieds !

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La marche est longue dans ce vallon presque plat  ou nous faisons la trace dans une neige humide. Les skis collent. On traverse d'énormes coulées d'avalanches  d'abord isolées puis de plus en plus nombreuses. C'est assez impressionnant. L'été, tout doit être débonnaire et bucolique ici. Aujourd'hui, c'est tout le contraire, le versant de la montagne  est en train de dégueuler ses énormes masses de neige accumulée, morceau par morceau. Véritable chaos lunaire de glace, de neige et de pierres. Elles font 3 ou 4 mètres d'épaisseur, parfois plus.  Nous sommes les premiers à passer depuis plusieurs jours, en tout cas depuis les coulées. Vers 2300 m, la pente s'oriente au sud et se redresse.  Le brouillard devient plus épais . Devant l'instabilité incroyable du manteau neigeux  dans lequel on s'enfonce parfois sur près d'1m, on hésite, on se consulte, on teste la neige . Celui qui fait la trace prend un peu plus de précaution  à chaque pas. on décide finalement de rebrousser chemin. Nous nous arrêtons en équilibre à un endroit sans risque, très raide, herbeux car tout est déjà descendu. Il fait trop doux.  La suite est beaucoup trop risqué ! Il faut redescendre. On prends un coup au moral !

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Tant pis pour les sommets !  Il nous faut contourner le massif  pour remonter au Grand Saint Bernard par le Nord.  Il fait trop chaud. Il fait trop gris gris. Il fait trop  triste. La sueur mouille tout. La marche est longue et fastidieuse. Les jambes sont lourdes, le sacs scie les épaules.  Les mots sont rares. Austérité de la traversée. Austérité du renoncement en montagne. Austérité du renoncement tout court! L'arrivée tard dans l'après midi  à l'hospice du Grand Saint Bernard après une journée interminable et déprimante a pourtant un  coté miraculeux : le batiment millénaire apparait tout d'un coup en suivant le GPS, tel un fantôme au milieu du brouillard.  L'accueil  y est assez incroyable dans cet endroit isolé du monde pendant 9 mois de l'année ou nous allons passer la nuit : thé chaud, sourires, bienveillance, accueil .... Nous sommes presque seul dans cet immense batiment habité par  3 chanoines de l'ordre de Saint Augustin et leurs hôtes. Nous participons à l'office, et partageons l'hospitalité, le repas, l'histoire. L'endroit est marquant, ressourcant, inspirant. On est sous le charme. C'est ca le miracle de la GTA !

 

J4 : Hospice du Gd Saint Bd , Bg St Bernard, Croix de Tsousse, Vallon de Velan, Ref. de Velan  -  D+1300 D- 1200 - Levé 5H45 Depart7H00.  

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Le temps est magnifique au départ de l'Hospice.  Quel site incroyable ! Nous y reviendrons vite .....La neige a  bien regelée cette nuit. Descente rapide jusqu'à Bourg Saint Bernard ou on met les peaux  et couteaux pour entamer la grande et belle montée vers la croix de Tsousse  1000m plus haut. La pente est très soutenue.  On croise 3 skieurs qui montent en crampons. Le soleil nous rattrape 300 m sous le sommet vers 2700 dans une ambiance assez extraordinaire sous les couloirs descendant du Vélan. La  lumière est incroyable. Les effets de contrejour sur les skieurs sont de toute beauté. Quel plaisir de s'élever dans ses pentes immaculées jusqu'à la crête sommitale!  Instant de partage au sommet avec nos compagnons du jour. On discute du couloir Hannibal au dessus de nous, on parle du Grand Combin, des ascensions à venir, des projets futurs. On prend le temps d'une photo pour chercher à attraper un peu plus de ces instants magiques et on  regarde  nos compagnos  décoller de la crête avec leur ailes vers le fond du vallon de Velan en face de la face S du Grand Combin. Quelle légèreté ! Quelle grâce ! On retient notre souffle  ! On les suit peu après à ski en dessinant de belles courbes dans la neige ramollie par le soleil. 

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On  remonte vers le refuge de Vélan en se protègeant  comme on peut du soleil lourd de midi.  On voit au loin les caravanes qui montent à Valsorey! L'après midi au refuge est douce. La vue est belle au coucher du soleil depuis le refuge sur les Dents du midi , sur le Combin (souvenirs souvenirs!)  et au dessus vers le sommet du Velan et notre itinéraire de demain. On refait le monde en se réchauffant  au soleil autour de quelques cannettes. On rencontre un père avec son fils de 16 ans qui discutent  méticuleusement de leur  ascension du lendemain. La montagne est transmission, la montagne est passage, la montagne est apprentissage, la montagne est partage. 

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J5 : Cabane de Vélan, Pas de la Gouille, Col de Valsorey, Refugio Chiarella  D+1700 D-1400 - Levé 4H30 départ 5H30

Départ le matin à la frontale vers le pas de la Gouille et le Vélan. Les sommets  s'allument  peu à peu au fil de la montée comme des ampoules.  On sort la corde et les crampons pour le passage de la Gouille. On perd un peu de temps avec les cordées devant nous pas forcémet très à l'aise sur ce terrain .  L'endroit est magnifique. On aurait du partir plus tôt ! avant les autres cordées... 

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On met  enfin le pied sur le glacier de Valsorey que l'on remonte  vers le sommet du mont Cordine. L'objectif est de  redescendre par l'arête Est  et basculer  plein sud vers l'immense cirque de Chiarella. En fait,  l'arête  est trop chargée  et on décide de la contourner. Il nous faut redescendre de 400m  et emprunter le couloir N qui remonte vers le col. Le couloir est long et  soutenu (40 à 45°). Il nous faut presque 2H pour faire la boucle et ce n'est qu'à  midi  qu'on débouche enfin au col du Valsorey. Le versant sud est déjà au soleil depuis trop  longtemps. Il faut nous engager dans la face malgré la neige transformée et la pente raide du début.

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La descente coté sud vers l'Italie et la longue remontée vers Chiarella sont compliquées. D'abord trouver l'itinéraire dans cette face complexe dans  une neige bien instable ou on fait partir quelques coulées.  Lorsque nous sommes enfin arrivés à notre point bas vers 2300m après quelques frayeurs, c'est dans une neige complètement ramollie qui s'enfonce et chasse  sous nos skis et  sous une chaleur de plomb que nous remettons les peaux  pour remonter les 700m interminables qui nous séparent du refuge Chiarella.  On mettra presque 12H pour faire cette longue étape un peu délicate avec plus de 1700m de D+ et des passages délicats. Le refuge Chiarella est un petit bijou, minuscule, perché en haut du cirque à presque 3000m, isolé du monde, sans gaz ni poele mais petit paradis terrestre en face de l'éternité du couchant. La soirée est douce malgré le froid. Le sommeil vient vite. Les rêves et les projets peuplent mon sommeil récupérateur. 


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J6 : Cabane de Chiarella, col de By, Gorges de Chanrion, Glacier d'Otemma, Cabane de l'Aiguillette. D+ 1100 D-1000 - Levé 4H15 Départ 5H15

La méteo prevoit des températures estivales pour J6 avec un iso 0° à 3800m. Nous décidons de partir encore un peu plus tôt car la distance est longue dans cette journée. La nuit est magnifique quand on chausse  les skis à la frontale un peu après 5H. Le froid mord. On voit les éclairs  des frontales hésitantes et on   entend les harmoniques des couteaux qui glissent sur la neige gelée à chaque pas de chacun des 3 skieurs. Tout le reste et sombre et silencieux. Les crêtes n'apparaissent encore que comme des masses sombres et inquiétantes. On distingue juste au loin vers l'est  les premières lueurs du jour qui se prépare à venir.   La montée est mystérieuse vers le col de By dans la lumière naissante avec un petit passage délicat ou doit sortir les piolets pour se rassurer dans la pente glacée qui n'autorise pas d'erreur. La descente qui suit vers les gorges de Chanrion est particulièrement belle dans le soleil rasant du matin qui polarise toutes les couleurs. 

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Arrivée au fond des gorges, il nous faut maintenant remonter ce fameux glacier d'Otema. L'expression de cheminot de la montagne n'a jamais mieux porté son nom que pendant la remontée de ce long glacier sous le soleil. Discussion  autour du plaisir de la marche, de la spritualité du rythme, avant d'attaquer la montée sèche vers le tout petit refuge de l'Aiguillette, accroché à ses cables  sur son improbable arête 350m au dessus du glacier d'Otema.  L'emplacement est magnifique et le diner un peu trop frugal.  Demain, levé 4H. On se met vite dans les couvrantes. Nos esprits volent dans ce microscopique nid d'aigle qui grince comme un violon lorsque le vent tire sur les cables. Tous les sommets alentour nous font envie.

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J7 : Cab de l'Aiguillette, col Collon, col de l'Eveque, col du Mt Brulé, col de Valpelline, Schoenbiel Hutte D+ 1600 D-2000 - Levé 4H Départ 5H15

Longue et belle journée en perspective. En descendant de notre nid d'aigle, on distingue au loin de l'autre coté de la vallée les éclairs des frontales qui partent de la cabane des Vignettes. Une semaine plus tard,  c'est à cet endroit  que se déroulera le drame d'Arolla avec 14 personnes perdues dans la tempête à 400m seulement  du refuge (7 morts par hypothermie!) . Antoine n'est pas en super forme mais il tient le rythme malgré la longueur de la journée. Les paysages sont à couper le souffle au levé du soleil, vers l'Italie, vers l'Oberland, vers la dent d'Hérens. Le col du Mont collon d'abord, puis le col de l'Evèque puis la descente vers le refuge des Bouquetins .... Il nous faut mettre les crampons pour la  montée finale vers le  col Mont brulé avant de basculer vers Valpelline. La dent d'Hérens et le refuge d'Aosta nous tendent les bras mais ce sera pour une prochaine fois. Nous devons continuer par la longue montée vers le col de Valpelline.

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L'arrivée au col nous fait rentrer dans un nouvel univers. La vue est absolument incroyable mais on voit des traces partout, celles des Cham-Zermatt qui arrivent des Vignettes et celles aussi de la Patrouille des Glaciers. On s'était habitué à la solitude ! Les séracs de la  dent d'Hérens craquent de partout et l'ambiance de la descente est  grandiose au pied des Faces Nord phénoménales qui nous dominent  Nous bifurquons  pour remonter vers Schonbiehl Hutte. Le passage est un peu délicat en plein soleil  à l'heure ou nous arrivons. Eternel débat jamais tranché :  Je passe ou je ne passe pas ? Toutes les théries s'affrontent .... et chaque réponse est acceptable. Le risque zero  n'existe pas de toute façon en montagne.  L'accueil à Schonbiehl est moyen, les gardiens  sont plus préoccupés par la patrouille des glacier  et les militaires allemands qui sont la pour l'occasion que par notre arrivée. et il n'y a pas d'eau. Peu nous importe, la bière fraîche en terrasse et la vue sur la Face et Nord et l'arête de Zmutt au Matterhorn suffisent amplement à notre bonheur.

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J8 : Schoenbiehl Hutte, Col Durand, Mont Durand, Abihorn, Arben Gletsher, Zermatt - D+1500 D-2200 - Levé 4H15 Départ 5H30

On part en dérapage à la Frontale dans une pente raide sur une neige vitrifiée le long de la moraine pour rejoindre le bas du glacier de Hormanggletscher. On met les peaux et commence à s'élèver au juger entre les coulées et les séracs. La montée est sèche et efficace avec les couteaux qui mordent la neige glacée. Plus les jours avancent et plus je me sens en forme. Le sac en s'allégeant se fait oublier ! Je prolongerai bien le raid  pour m'élever encore un peu avant l'atterrissage. Je n'ai pas envie de revenir dans la vallée ! On n'est pas tous d'accord sur ce point. Les Zig Zags sous les Seracs sont assez impressionnants mais d'un esthétisme fou. On a l'impression d'être dominé par des Trolls qui s'agitent à notre passage et qui jouent avec le soleil qui pointe. Avant de les dépasser, on assiste à un levé de soleil magistral sur le Matterhorn et les 4000 vers le Mont Rose , le Liskamm, l'Alpubel, l'Alallinhorn,  le Strahlhorn, Castor et Pollux  juste en face de nous. Des souvenirs sur presque tous ces sommets ! La montagne comme trait d'union dans nos vies entre les époques, les souvenirs, les joies, les rêves, les projets et les douleurs. 

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Le plateau du glacier sous le ZinalRothorn, le Mont Durand, et plus loin la Dent Blanche qu'il nous faut traverser pour etteindre la Rimaye et la pente sommitale du Mont Durand  est une merveille. La pente ensuite est raide et le soleil commence juste à poindre sur le haut de la face quand on chausse les crampons pour aller au sommet, skis sur le sac. L'arrivée sur la crête est  magistrale, aérienne. On croise dans l'ascension finale une cordée  qui est arrivée par l'autre versant  et  entame la descente en face nous à la limite de l'ombre et du soleil. Assez impressionnante ! A nous de nous y lancer  dans quelques minutes le temps d'admirer encore ces paysages incroyables et de rêver encore un peu. 

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On boucle les chaussures pour cette dernière descente, on chausse les skis, et on s'engage prudemment  dans la pente et ses premiers 200m un peu vertigineux.  La neige est encore dure. Il aurait fallu attendre encore 1/4 d'heure pour que le soleil fasse son travail ! Allez, il faut s'engager, ne pas réfléchir, oser ce premier virage, plonger dans la pente en se demandant cette fois encore si les skis vont tenir, éviter la faute  .... et enchainer.  Beaucoup dans la tête ! Les jambes sont un peu trop raides.  Heureusement, la pente s'adoucit peu à peu et les virages s'enchainent plus facilement. Le plaisir s'empare progressivement du corps tout entier qui file le long de ses pentes immaculées ébai par  tant de beauté . On passe par la rive gauche du glacier, un passage esthétique qu'on avait repéré à la montée  avant de  remonter 1/2H vers l'Abihorn et rejoindre  un vallon glacière  magnifique  qui nous mènera au pied du Cervin puis 12km plus loin tout en bas vers Zermatt.  

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Nous voila à Zermatt, il est 13H. Le Raid est fini. La GTA 5 est bouclée. Quelle journée ! Quelle traversée ! Quel Raid ! Quel voyage ! Quel partage ! Que d'émotions !  Les lèvres sont tuméfiées par le soleil, la peau sèche, les corps sales sans douche depuis 6 jours; les habits sont gorgés de sueur, les muscles sont endoloris par l'effort intense, l'estomac crie famine,  les yeux pétillent et les esprits sont libres. Le luxe de Zermatt nous parait hors de propos. Je me sens très loin, ailleurs. La pizza et la bière nous semblent délicieuses. Nous marchons jusqu'à la gare pour revenir vers Chamonix. La GTA 5 est terminée. 

 

 

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